Texte - « La cité de Carcassonne » Eugène-E. Viollet-le-Duc

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Les deux tours qui flanquent cette entrée renferment deux étages voûtés en calotte hémisphérique, et percés de meurtrières ; les deux étages supérieurs sont séparés par un plancher. Ces deux étages supérieurs mettent, sans murs de refend, les deux tours en communication avec le dessus du passage. On ne pouvait arriver à ces étages que par un escalier de bois disposé contre la paroi plate de la porte, du côté de la cour ou par les chemins de ronde des courtines. Les salles voûtées ne sont éclairées que par les meurtrières. Le troisième étage prend jour sur la cour par une charmante fenêtre romane à doubles cintres posés sur une colonnette de marbre avec chapiteau sculpté, et par une très-petite ouverture donnant latéralement au-dessus de l'entrée à l'extérieur. Cette dernière fenêtre était percée pour permettre aux assiégés qui servaient la première herse de voir ce qui se passait à l'entrée et de prendre leurs dispositions en conséquence, sans se démasquer. Bien que les tours affectent la forme cylindrique à l'extérieur, à l'intérieur les parements des étages supérieurs sont à pans coupés. Cette construction était évidemment faite pour faciliter l'établissement de la charpente des combles. Il est beaucoup plus facile de tailler et de poser une charpente en pavillon sur un plan polygonal que sur un plan circulaire ; le plan circulaire exige pour les sablières des bois courbes, pour la pose des chevrons des assemblages compliqués. A la fin du XIe siècle, on ne devait pas être fort habile dans ces sortes de constructions, qui, un siècle et demi plus tard, étaient arrivées à un degré de perfection remarquable ; aussi ne doit-on pas s'étonner de voir cette forme de charpentes pyramidales adoptée pour toutes les tours primitives du château. Les constructeurs achetaient les différences de saillies produites par la forme circulaire du parement extérieur par des soyaux.