Texte - « Le calendrier de Vénus » Octave Uzanne

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Qu'on ne dise donc pas que je suis précieux par vanité et par genre, que je mets des grelots à mon style ou que je harnache ma prose comme une mule espagnole, cela serait hyperbolique et faux, autant vaudrait affirmer que si je passe sur la place publique, le chapeau incliné sur l'oreille comme un feutre, le torse cambré, la poitrine en avant, le manteau jeté en draperie sur la courbe de mon bras et ma canne au côté comme une rapière, relevant en retroussis ma cape-pardessus qui traîne à terre, autant vaudrait affirmer, dis-je, que tous mes gestes sont étudiés, toutes mes poses analysées dans un but de recherche, tous mes pas bien mesurés pour ne rien déranger à l'ensemble de ma silhouette, et cependant, Messieurs, j'ai cru remarquer des reproches analogues, lorsque, ainsi équipé, je passe parmi le brouhaha des foules.
J'ai pu m'apercevoir que l'oeil béat des simples me regardait singulièrement, pendant que des esprits forts esquissaient, - non pas un sourire que j'aurais clos à l'instant, - mais une sorte de papillotage de l'oeil qui indique la surprise mariée au blâme très légitimement.

- Dans ces courses à travers la ville, Messieurs, je suis aussi simplement attifé que ma prose dans mes écrits, ma personne et mon style me reflètent, aussi bien quand je compose, qu'à ces instants où, seul et sans souci je marche dans le dédain des inconnus, l'esprit en avant-garde de mon corps.