Heureusement qu'il y a la chambre de grand-mère ! Grand-mère touche à ses quatre-vingts. Ayant beaucoup souffert et travaillé, elle en est arrivée à envisager les choses avec cette calme sûreté que rapportent de la vie ceux qui ont l'intelligence élevée et le cœur aimant. Presque toujours assise dans son fauteuil, elle adore le silence des longues heures méditatives. Aussi la tempête affairée qui sévit par la maison s'est-elle arrêtée respectueuse devant sa porte. Au seuil de cet asile les voix s'apaisent, les pas se font discrets. Et quand les jeunes fiancés veulent se mettre un instant à l'abri, ils s'enfuient chez grand-mère.
- Pauvres enfants ! Leur dit-elle alors, comme vous voilà énervés ! Reposez-vous un peu, appartenez-vous l'un à l'autre. C'est le principal. Le reste est peu de chose, il ne mérite pas qu'on s'y absorbe ! Ils le sentent bien, ces jeunes gens. Que de fois, en ces semaines dernières, leur amour n'a-t-il pas dû céder le pas à toutes sortes de conventions, d'exigences, d'inutilités ! Ils souffrent de la fatalité, qui à ce moment décisif de leur vie détache sans cesse leurs esprits de la seule chose essentielle, pour les pousser à travers la multitude des préoccupations secondaires.
Et volontiers ils approuvent l'opinion de l'aïeule quand elle leur dit entre une caresse et un sourire :
- Décidément, mes enfants, le monde se fait trop compliqué, et tout cela ne rend pas les gens plus heureux ... au contraire ! ...
Je suis de l'avis de bonne maman. Depuis le berceau jusqu'à la tombe, dans ses besoins comme dans ses plaisirs, dans sa conception du monde et de lui-même, l'homme moderne se débat au milieu de complications sans nombre. Plus rien n'est simple : ni penser, ni agir, ni s'amuser, ni même mourir. Nous avons, de nos mains, ajouté à l'existence une foule de difficultés et retranché plusieurs agréments. Je suis persuadé qu'il se trouve à l'heure présente des milliers de mes semblables qui souffrent des suites d'une vie trop factice. Ils nous sauront gré de chercher à donner une expression à leur malaise et de les encourager dans ce regret de la simplicité qui les travaille confusément.
Énumérons d'abord une série de faits qui mettent en relief la vérité que nous désirons faire apercevoir.
- Pauvres enfants ! Leur dit-elle alors, comme vous voilà énervés ! Reposez-vous un peu, appartenez-vous l'un à l'autre. C'est le principal. Le reste est peu de chose, il ne mérite pas qu'on s'y absorbe ! Ils le sentent bien, ces jeunes gens. Que de fois, en ces semaines dernières, leur amour n'a-t-il pas dû céder le pas à toutes sortes de conventions, d'exigences, d'inutilités ! Ils souffrent de la fatalité, qui à ce moment décisif de leur vie détache sans cesse leurs esprits de la seule chose essentielle, pour les pousser à travers la multitude des préoccupations secondaires.
Et volontiers ils approuvent l'opinion de l'aïeule quand elle leur dit entre une caresse et un sourire :
- Décidément, mes enfants, le monde se fait trop compliqué, et tout cela ne rend pas les gens plus heureux ... au contraire ! ...
Je suis de l'avis de bonne maman. Depuis le berceau jusqu'à la tombe, dans ses besoins comme dans ses plaisirs, dans sa conception du monde et de lui-même, l'homme moderne se débat au milieu de complications sans nombre. Plus rien n'est simple : ni penser, ni agir, ni s'amuser, ni même mourir. Nous avons, de nos mains, ajouté à l'existence une foule de difficultés et retranché plusieurs agréments. Je suis persuadé qu'il se trouve à l'heure présente des milliers de mes semblables qui souffrent des suites d'une vie trop factice. Ils nous sauront gré de chercher à donner une expression à leur malaise et de les encourager dans ce regret de la simplicité qui les travaille confusément.
Énumérons d'abord une série de faits qui mettent en relief la vérité que nous désirons faire apercevoir.